Un documentaire au-delà des frontières A l’occasion des 50 ans du Mouvement ATD Quart Monde en Suisse et des 100 ans de la naissance de son fondateur, un projet de film est en cours de réalisation. Il se donne comme champ de vision la marche personnelle et collective infiniment courageuse d’enfants, de jeunes, de femmes et d’hommes qui, face aux violences de la misère, ont tissé au cœur de nos sociétés de nouvelles façons de se rencontrer, de penser et d’agir.
( Le samedi 12 mars, nous avons présenté ce projet et certains montages lors d'une rencontre du groupe Dynamo jeunes à Treyvaux:)
Nous avons été 10 jours au Liban en avril Après la projection des vidéos de Nelly (Suisse), de Jean-Marc (Suisse), de Guendouz (France) ou de Parfait (Centrafrique), des paroles fortes sur leur histoire, le courage de leurs parents, leur détermination et leur souffrance, se sont dites et échangées, que ce soit de personnes d'Egypte, de Syrie, d'Irak, du Kurdistan, du Sri Lanka, du Soudan, du Madagascar, du Liban aussi bien entendu. Georges que nous avons longuement filmé faisait comprendre que c'était la première fois qu'il racontait à ses enfants, jeunes aujourd'hui, certains moments-clés de son enfance, de sa famille qui a dû faire face à la grande pauvreté dans son pays-même le Liban. (lire la suite)
Des moments fondateurs de choix de vie et d'engagement qui tiennent tête à toutes les critiques comme celle de son patron qui lui disait : « Tu demandes une augmentation mais à quoi ça sert si c'est pour gaspiller cet argent avec les enfants des rues ? ». Paroles dites une nuit de tournage devant le super-marché où il est gardien et où jamais il ne mange sans partager aux enfants qui sont autour. « J'ai dû avoir une opération et tous les enfants sont venus à l'hôpital me trouver et m'apporter à manger ! Le personnel était plutôt inquiet de voir arriver ces enfants dans ma chambre ! » Georges a lui-même connu la rue enfant et aussi avec son premier enfant, « et c'est un enfant gitan qui a partagé une barre de chocolat avec mon enfant ! »
Lors de notre prochain atelier du 5 juin à Treyvaux et du 6 juin à Bâle, nous pourrons faire exister d'autres rencontres qui feront comprendre comment ce quartier de Beyrouth fait exister le quotidien d'un vivre ensemble possible entre des familles de tant de pays différents qui ont dû fuir les violences de la guerre, la misère et la faim.
Nous reviendrons de Haïti le 20 mai et nous nous préparerons aussi à vous redonner des images de rencontres d'enfants, de jeunes, de familles de ce peuple, qui vont nous conduire aussi dans ce que ce film doit pouvoir porter et respirer !
Sous le manguier » Bangui - 7 janvier 2016
Il est 8h du matin, le soleil chauffe le marché des «Combattants» que nous traversons et au bout duquel Guillaume attend. Il va nous emmener au pied du manguier où il veut être filmé avec Charles et Herbert. «C’était une piste qui nous menait sous ce manguier, on y venait depuis l’aéroport où les jeunes déchargeaient des bagages pour quelques sous. Vivre à la décharge derrière l’aéroport n’était pas facile, ils voulaient un lieu pour avoir la tête tranquille. Le feuillage de ce manguier a été la toiture de notre rencontre, la toiture du démarrage de notre marche avec le Mouvement à Bangui. Avec des pièces de récupération, on fabriquait des radios, on dessinait des schémas».
Depuis trente ans, Guillaume garde ces schémas chez lui ; aujourd’hui, il les a amenés et il les sort devant la caméra. (lire la suite)
Charles était l’un de ces jeunes : «C’est la rencontre qui nous a fait quitter la peur. Après on a construit une «cour aux cent métiers». Les gens des alentours pensaient que des enfants avaient trouvé du boulot, mais c’était autre chose : on bâtissait le lieu du Mouvement »..
Aujourd’hui Herbert est un jeune animateur dans sa communauté. À cause des conflits dans le pays, il a dû se déplacer avec sa famille sur le campement installé près de l’aéroport: «Sur ce site, j’avais la crainte, je ne pensais pas pouvoir faire cette activité du « savoir », mais en un clin d’oeil les enfants étaient là et ils disaient : Tonton, on peut le faire ! Avec les mamans, on a commencé à désherber et on a vu qu’on pouvait le faire et que ça cassait la peur, ça ne laissait pas s’abîmer notre intelligence. …. Si on est là c’est que les anciens ne nous ont pas laissés seuls ! Dès que j’ai une question, j’appelle Guillaume, à toute heure, parfois à une heure du matin, parce que sur le site, on ne dort pas. J’appelle pour lui demander des conseils ! ». Eugen et Anne-Claire Brand
Les personnes qui ne se rencontrent jamais ont peur les unes des autres. Cela amène de la violence. Notre projet veut permettre des rencontres directes entre des personnes, dépassant les frontières géographiques, sociales et culturelles.
Le film donnera place à des enfants et des jeunes, à leurs gestes, leurs dires, leurs visions animés
d’horizons aux racines profondes. Cela permettra des rencontres indirectes, de pays à pays, de quartiers à communautés dans différentes parties du monde et des incitations à réfléchir ensemble. (présentation du projet (PDF, 4 pages)
Les responsables du projet sont Anne-Claire et Eugen Brand. Eugen Brand était de 1999 à 2012 Délégué général du Mouvement International. Cette responsabilité l’a conduit dans 50 pays à tisser des liens privilégiés avec des personnes résistant à l’extrême pauvreté et des partenaires qui solidairement portent cet engagement au cœur des lieux où se prennent des décisions.
« Régulièrement on entend dire que le faussé entre les pauvres et les riches s'agrandit. Avec notre travail, nous ne voulons pas ajouter des nouveaux faits ou statistiques dans ce sens. Il ne s'agit pas non-plus d'un message moralisant. Nous voulons donner la parole à des personnes qui ont parcouru différents chemins de vie mais qui se sont mis ensemble pour bâtir un réseau de solidarité et d'engagement contre la grande pauvreté. Notre objectif est de sortir de l'ombre ces bâtisseurs de pont et ceci d'une manière décidée et souhaitée par les personnes concernées.
Nous pensons surtout aux jeunes qui se sentent souvent impuissants face aux événements dans le monde, et très souvent même inutiles. Nous voudrions leur montrer des sources où ils peuvent puiser du courage et de l’énergie pour chercher d'une manière créative des nouveaux chemins pour vivre ensemble »