ATD Quart Monde est un mouvement de femmes et d’hommes qui s’engagent librement, indépendamment de toute appartenance sociale, politique, religieuse et culturelle.
Toutes ces actions reposent sur la présence et la, disponibilité quotidienne de nos équipes de volontaires et le soutien de membres du Mouvement en situation de précarité ou non.
Celles et ceux qui subissent la misère ne sont pas reconnus en tant que personnes à part entière ou sont stigmatisés. Les discriminations qui en résultent constituent une véritable violence.
Il existe de multiples définitions de la pauvreté et de la misère, qui dépendent du point de vue d’où se placent ceux qui produisent ces définitions. A travers les siècles, on a pu voir ces réalités sous des angles très différents (religieux : le pauvre, incarnation de Dieu / moral : le pauvre responsable de sa situation et coupable / politique : le pauvre victime d’un système d’exploitation / etc).
ATD Quart Monde s’est donné comme objectif de comprendre et faire connaître le point de vue des personnes et des populations en situation de grande pauvreté sur les réalités qu’elles vivent. Non seulement la description de ces situations, mais comment ceux qui les vivent les ressentent et quelles explications ils en donnent eux-mêmes.
De cette recherche associant les plus pauvres, est née la définition qu’a proposé Joseph Wresinski au Conseil Économique et Social de France, qui a ensuite été reprise par Mr Leandro Despouy dans son rapport à l’ONU sur Extrême pauvreté et Droits de l’Homme :
"La précarité est l’absence d’une ou plusieurs des sécurités permettant aux personnes et familles d’assumer leurs responsabilités élémentaires et de jouir de leurs droits fondamentaux." | "L’insécurité qui en résulte peut être plus ou moins grave et définitive. Elle conduit le plus souvent à la grande pauvreté quand elle affecte plusieurs domaines de l’existence, qu’elle tend à se prolonger dans le temps et devient persistante, qu’elle compromet gravement les chances de reconquérir ses droits et de réassumer ses responsabilités par soi-même dans un avenir prévisible." |
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ATD Quart Monde partage, avec beaucoup d’autres ONG, l’objectif d’en finir avec la misère et le souci que l’action entreprise respecte les personnes en situation de grande pauvreté.
Les ONG de lutte contre la pauvreté sont, en général, des réponses de la société au drame de la misère : des personnes de différents milieux sociaux s’organisent pour réfléchir ensemble et agir. ATD Quart Monde est d’emblée une création de personnes en situation de pauvreté.
Ce Mouvement a été initié par Joseph Wresinski - un homme qui était lui même né dans la misère - et les habitants d’un bidonville près de Paris en France.
Ce sont donc des pauvres eux-mêmes qui sont à l’origine de cette ONG ; et qui sont allés chercher du renfort dans la société, car seuls, ils ne pouvaient parvenir à leurs buts. Depuis le début, et encore maintenant, des personnes qui ont connu ou connaissent la grande pauvreté font partie du Mouvement : cela influence tout le fonctionnement et le choix des objectifs de cette ONG, pour que ceux qui ont la vie la plus dure soient au centre et apportent leur pensée, leur expérience et leurs propositions. Les personnes qui n’ont pas cette expérience vécue de la pauvreté sont bien sûr aussi les bienvenues, mais le Mouvement leur demande de se former à cette façon de penser et agir ensemble dont la référence est la priorité à ceux qui ont le plus de difficultés.
« La misère est l’oeuvre des Hommes, seuls les Hommes peuvent la détruire » Joseph Wresinski.
Cette phrase dit bien que la misère n’est pas une fatalité. Elle en situe la responsabilité non pas au niveau de certains hommes, mais de tous, et la responsabilité d’en venir à bout est aussi l’oeuvre de tous.
A l’école, au travail, dans la vie de quartier ou de village, dans la vie associative, dans l’action politique, syndicale, culturelle, religieuse,... chacun peut poser des gestes qui accroissent ou diminuent l’exclusion des plus défavorisés, qui contribuent ou non au respect des Droits de l’Homme pour tous.
Dans tous les pays où une suffisante liberté d’expression existe, ATD Quart Monde n’hésite pas à dénoncer les systèmes publics et privés, les comportements individuels ou collectifs qui produisent de l’exclusion et de la grande pauvreté et propose des changements dans les organisations humaines. Son objectif est de créer les conditions pour s’unir afin de rétablir les droits de l’homme là où ils sont violés à cause de la msière.
De son expérience dans une trentaine de pays au Nord et au Sud et des actions entreprises, le Mouvement ATD Quart Monde a tiré quelques réflexions et lignes d’action :
La grande pauvreté n’est pas une fatalité, c’est l’œuvre des Hommes, ceux-ci peuvent en venir à bout. Cette conviction engendre des actions sur le terrain avec les personnes qui sont dans l’extrême pauvreté et les différents acteurs sociaux et économiques. Elle engendre aussi une action à tous les niveaux de responsabilité des sociétés, local, régional, national et international, pour obtenir que soient définies des politiques ambitieuses de lutte contre la grande pauvreté.
La grande pauvreté concerne toutes les dimensions de la vie : éducation, formation professionnelle, travail, ressources, logement, accès aux soins, participation à la vie sociale, politique, culturelle, spirituelle. Lutter contre la grande pauvreté suppose que soient prises en compte simultanément toutes ces dimensions qui sont fortement imbriquées les unes dans les autres.
Pour lutter efficacement contre la grande pauvreté, il convient de créer les conditions d’une contribution active des personnes et des groupes sociaux qui vivent la grande pauvreté et y résistent autant qu’ils peuvent. Gagner cette contribution suppose de créer des conditions de confiance et d’échanges de savoirs.
Pour atteindre les personnes et les groupes les plus pauvres, il est nécessaire que des personnes soient rendues disponibles pour aller à leur rencontre là où ils sont obligés de vivre ou de se réfugier et établir avec eux des liens de confiance durables. Ces liens permettront de définir et d’oser les changements indispensables.
L’évaluation de tout programme et de toute politique de lutte contre la grande pauvreté doit se faire en mesurant les bénéfices qu’en tirent les personnes et les groupes qui sont les plus en difficultés et les plus exclus. Cette évaluation doit être faite avec eux.
Vaincre la grande pauvreté passe donc par la mise en œuvre de politiques ambitieuses au plan local, national et international, dotées de véritables moyens financiers et humains. Celles-ci ne peuvent aboutir que par un profond changement de mentalité de tous.
Répondre à cette question est très difficile, car la réponse dépend de la définition de la pauvreté qu’on adopte et des indicateurs chiffrés que l’on utilise. Certaines mesures peuvent avoir pour résultat de soutenir les personnes et les populations qui vivent la précarité et laisser de côté celles qui sont dans l’extrême pauvreté, rendant leur vie encore plus dure…
Un exemple pour mieux comprendre : L’indicateur « PIB par habitant » d’un pays sert à comparer la pauvreté d’un pays à l’autre et aussi la pauvreté d’une année à l’autre dans le même pays. Il est très souvent utilisé. Il est obtenu en divisant l’indicateur du PIB d’un pays par son nombre d’habitants. Si la richesse des 10% d’habitants les plus riches du pays augmente, le PIB augmente, et donc l’indicateur va monter, alors que rien ne dit que la situation des personnes les plus pauvres du pays s’est améliorée…
L’ONU a lancé en 2000 les objectifs du Millénaire, dont le plus connu est celui de réduire de moitié le nombre de personnes vivant avec moins de 1 $ par jour (en 2009 1,25 $). Cet objectif est injuste, car il ne dit pas quels objectifs on a pour l’autre moitié qui reste en dessous de ce seuil, et dont la situation peut empirer au même moment. On constate par exemple que ce sont les personnes et les populations les plus pauvres qui payent le plus cher le prix des crises alimentaires, financières et économiques actuelles.
C’est pourquoi ATD Quart Monde demande qu’on ne se base pas seulement sur des chiffres, mais aussi qu’on tienne compte de l’avis des personnes en situation de pauvreté pour répondre sérieusement à cette question. Il demande aussi que si on constate que la situation d’un certain nombre de personnes s’est améliorée dans tel ou tel domaine, on s’efforce aussi de comprendre pourquoi elle ne s’est pas améliorée pour les autres. Car c’est probablement comme cela qu’on pourra améliorer les politiques mises en œuvre pour que personne ne soit laissé de côté.