(Photo : 17 octobre avec l’association des familles du Quart Monde lausannois à Lausanne)
Bulle Genève - ONU Bâle Meyrin Célébrée dans plusieurs villes suisses dont Bâle, Winterthour, Genève, Renens, la Chaux-de-Fonds, elle a rendu hommage à celles et ceux qui vivent en situation de grande pauvreté en mettant en lumière leur courage quotidien face à l’adversité, au mépris et à l’incompréhension. Nadia en a témoigné par la voix d’Emilie, collégienne de 17 ans, qui a lu ses mots à l’ONU à Genève. Deux Suissesses aux chemins si différents. Je m’appelle Nadia, j’ai 26 ans |
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INTERVIEW---------- Emilie, tu es une collégienne de 17 ans, qu’est-ce qui t’as touchée dans le témoignage de Nadia que tu as accepté de lire à l’ONU ? Qu’as-tu appris ? Vous êtes deux Suissesses nées à Genève, qu’est-ce qui vous différentie ? Notre grande différence avec Nadia, c’est que moi je vis dans une famille qui ne manque de rien, alors qu’elle a vécu dans la précarité. Un simple détail d’argent a complètement décidé le tournant de nos vies. Cela ne devrait pas être le cas. L’argent devrait être secondaire, il ne devrait pas avoir autant d’importance dans nos vies. |
Peux-tu te présenter quelque peu, et nous dire comment tu es venu à faire un service civil auprès du Mouvement ATD Quart Monde ?
Après ma maturité, j’ai voyagé, en Afrique notamment, puis j’ai fait plusieurs périodes de service civil. Je me prépare à commencer des études en travail social en septembre 2019. Pour ma recherche de place de civiliste, je cherchais donc avant tout dans le social. Je suis tombé sur ATD Quart Monde, que je ne connaissais pas. Après des recherches, j’ai vu que la thématique était axée sur la pauvreté, les inégalités, la dignité, et ce sont des questions qui me touchent suite à mon voyage en Afrique.
Dans quoi as-tu été impliqué lors de ce temps avec nous ?
J’ai été engagé dans différents projets : le secrétariat pour l’avant-première du film « que sommes-nous devenus » ; l’exposition à Marly « Tes couleurs, mes couleurs » ; les différents événements à Genève en lien avec le 17 octobre (Journée mondiale du refus de la misère) ; la bibliothèque de rue à Genève. Ces projets m’ont enthousiasmé parce que c’était, à la fois concret et aussi très varié. J’ai travaillé avec plusieurs équipes du Mouvement, et même si cela demande de l’énergie, cela brise la routine !
Qu’as-tu appris lors de ton service civil ?
J’ai l’impression que j’ai pu soulever le tapis sous lequel se trouve la pauvreté en Suisse. Dans notre pays, la pauvreté est cachée, mais tout le monde sait un peu qu’elle existe aussi. Là, j’ai pu vraiment découvrir cette face cachée de la Suisse. Cette découverte, j’ai pu la faire en discutant avec des volontaires-permanents, bien sûr aussi à travers la rencontre de militants ou de personnes touchées par la pauvreté, mais aussi à travers des outils comme le livre de Nelly Schenker « Une longue, longue attente » ou le film « que sommes-nous devenus ? ». Ce que j’ai plus particulièrement appris, par rapport à mes voyages en Afrique et mon temps avec ATD Quart Monde en Suisse, c’est qu’il n’y a pas de pauvreté pire qu’une autre, qu’elle soit matérielle ou sociale. Le ressenti est le même, tu te sens autant mis de côté si tu meurs de faim que si tu es dans une grande solitude.
Pourrais-tu nous parler d’un moment fort ?
Si je devais n’en retenir qu’un : la réunion d’ATD Quart Monde à Genève pour lancer le mois du refus de la misère. C’était dans mes premiers jours de service civil. Il y avait autour de la table des personnes avec des vies très différentes, des militants Quart Monde, mais aussi un fonctionnaire de l’ONU, des responsables d’associations.
Ce qui m’a marqué, c’est de me sentir dans une égale dignité avec chacun,
que l’avis de chacun comptait, chaque réflexion, la mienne également,
sans forcément une personne qui « sait » plus qu’une autre.
Pour finir, si tu devais retenir quelque chose de ton temps avec nous ?
Déjà, je voudrais dire que par rapport à une certaine appréhension de départ, je suis très satisfait : je me suis senti vraiment intégré, valorisé, responsabilisé et pris en compte dans l’équipe. Ensuite, ce temps de service civil a confirmé ma volonté de m’engager dans des thématiques sociales, et pourquoi pas envisager ma vie professionnelle dans le milieu associatif. Enfin, les objectifs d’ATD Quart Monde, la façon de s’organiser, de chercher la participation de tous, m’ont beaucoup touché. J’aurais envie de continuer à m’engager avec ATD Quart Monde suivant mes possibilités. En tout cas, je sais maintenant qu’il existe ce Mouvement qui permet une grande liberté et une variété d’engagements et je le garde bien en tête !
Une exposition d’art est habituellement réservée aux artistes confirmés. Ce qui n’est pas le cas de « La route de l’exposition » d’ATD Quart Monde qui accueille tout le monde, convaincu que chacun porte en soi le pouvoir de création.
Ainsi, lors de l’exposition « Tes couleurs, mes couleurs » à Marly (FR) se sont côtoyés des artistes et créateurs de différents milieux y compris ceux vivant la pauvreté ou ayant vécu l’exclusion. Nous avons également souhaité donner une place particulière aux enfants.
La commune de Marly propose aux petits dès 6 ans de participer au « Square Brico ». Les mercredis et samedis après-midis, les enfants sont invités à venir partager des activités bricolages, en passant par le jeu et la découverte, dans différents quartiers de la commune. Dans ce cadre, volontaire-permanente à ATD Quart Monde, j’ai animé des ateliers où je proposais aux enfants de réaliser des sculptures en matériaux de récupération.
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Ils ont laissé libre cours à leur imagination. Seuls ou à plusieurs, ils ont appris à apprivoiser divers matériaux et outils comme le bois, le métal, les clous, le pistolet à colle et bien d’autres... Ceci a donné naissance à toute une collection de sculptures originales, petites et grandes, qui ont été exposées au centre d’animation socioculturelle jusqu’au 29 novembre dernier.
Au total 34 enfants de différents âges, quartiers, milieux et cultures ont ainsi pu participer à l’exposition « Tes couleurs, mes couleurs » par l’intermédiaire de ces ateliers. Quelques semaines plus tard, j’ai rencontré certains d’entre eux pour recueillir leur avis :
« J’ai aimé apprendre à utiliser la perceuse et à planter des clous. Une des sculptures que j’ai réalisée est une montagne en bois et j’ai aimé faire avec toi les petits bonhommes qui font du ski. Je n’ai pas vu l’exposition mais je sais qu’il y a des tableaux là où mon père travaille »
« J’ai bien aimé faire des sculptures bizarres ! Je suis fier de participer à cette exposition. »
« C’est beau de voir toutes nos sculptures ensemble. J’ai trouvé bien d’utiliser des matériaux de récupération et de pouvoir travailler avec une pince, le pistolet à colle... c’est pas souvent que j’ai l’occasion d’utiliser ce genre d’outils. »
« J’ai adoré faire des bricolages avec les matériaux qu’on jette normalement. Je suis fière que mes créations soient exposées et que mes parents peuvent les voir. »
« J’ai réalisé un gâteau, une glace, un macaron... on a envie d’y goûter, surtout le macaron qui est très réussi ! Ah oui et j’ai aussi fait une petite maison de poupée. J’ai trouvé chouette de faire cet atelier dans plusieurs quartiers, comme ça on a rencontré d’autres enfants. »
« C’était trop cool ce qu’on a fait mais un peu difficile aussi... il fallait trouver comment faire... Mais je suis content du résultat ! »
Amandine Houma
Du 22 au 29 juillet dernier, cinq familles de Suisse romande vivant la pauvreté ont pu partager une très belle semaine de vacances familiales. Venues des cantons de Genève, Vaud et Fribourg, trois d’entre elles ne connaissaient pas le centre national à Treyvaux. Dès le premier soir, une maman confiait «Si je viens ici, c’est pour créer des souvenirs avec mes enfants, on en a bien besoin».
La semaine a été riche d’activités entre enfants, de détente pour les parents, de sorties culturelles et sportives créant des liens conviviaux et intenses entre tous. Une équipe de huit accueillants, dont trois jeunes, ont partagé ce quotidien. Ceux-ci ont pu découvrir, pour la première fois, l’importance de tisser des liens notamment par le partage de savoir-faire et d’expériences de vie de part et d’autre. Une jeune disait «Il n’y a pas besoin de TV ici, on a trop de choses à vivre !». Ce qui est certain, c’est que les parents et surtout les enfants sont repartis la tête remplie de souvenirs et de découvertes.
La bibliothèque de rue a lieu tous les mercredis après-midi à Châtelaine (Genève). Elle vise a combattre l'exclusion en favorisant l'accès à la lecture, le partage des savoirs et la rencontre entre personnes d'origines sociales et culturelles différentes.
Si cette action vous intéresse vous pouvez nous contacter à
[email protected] ou au 022 344 41 15
« La misère est l'oeuvre des hommes, seuls les hommes peuvent la détruire » Joseph Wresinski |
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